J’aime Harry Potter, j’aime Buffy
contre les vampires. Dans la même veine que Le Seigneur des anneaux et que des mythes fondateurs, ce sont pour
moi des sagas héroïques et exemplaires qui nous font nous sentir capables de
sacrifier notre vie pour un intérêt supérieur, pour une cause juste qui nous
dépasse et s’enracine dans l’humanité, dans le sens d’essence humaine.
Plus particulièrement dans ces
deux oeuvres, les personnages sont dessinés assez finement et illustrent bien
la complexité humaine avec les questionnements qui occupent notre - ou en tout
cas mon - quotidien, l’aspect vampire - loup-garou - zombie et autres
évidemment sous d’autres formes.
Ces deux histoires nous
présentent un-e adolescent-e confronté-e plus ou moins brutalement à des
responsabilités qui le dépassent et à la dureté du monde. Il est désigné comme
étant spécial, “l’élu”, rôle qu’il n’a pas choisi et qu’il a du mal à accepter,
qu’il subit parfois. Il est confronté à la mort de ses proches, à l’injustice,
la peur, au sentiment de ne pouvoir rien faire et pour équilibrer un peu quand
même à l’amour, l’amitié, le réconfort, la fierté, l’accomplissement etc…
Les histoires pour enfants, les
mythes anciens, les contes de fées ont toujours eu un rôle important dans
l’éducation. Je me souviens de l’introduction de Bruno Bettelheim à son livre -
qu’il faudrait quand même bien que je lise en entier - Psychanalyse des contes de fées. Si j’ai bien compris son propos,
la violence présente dans les contes de fées (les soeurs de Cendrillon se coupent
le talon pour que leur pied entre dans la chaussure de vair, si si) a un rôle
capital car symbolique pour l’enfant, qui retrouve dans l’histoire et les
personnages des exemples à suivre (pas littéralement) ou des solutions à des
problèmes qui le travaillent à ce moment-là. M. Bettelheim disait entre autres
choses par exemple qu’il était important d’écouter l’enfant quand il demande à
relire toujours la même histoire, car cela peut signifier qu’il y trouve
matière à réfléchir. Certes, la moitié de cela se passe dans l’inconscient mais
bon..
Revenons à nos moutons.
Pour moi et pour les raisons
que j’ai données ci-dessus, Harry Potter
et Buffy contre les vampires sont à
la hauteur pour tenir ce rôle auprès des spectateurs.
Contrairement à Twilight.
J’ai longtemps attendu avant de
céder à la curiosité de regarder cette nouvelle série (de films), et je n’ai
pas (encore?) lu les livres, contrairement à Harry Potter pour lequel j’ai fait les choses dans les règles de
l’art (d’abord les livres, puis les films. Je me suis toujours demandé quel
était le meilleur ordre? Bref.. ).
Twilight me perturbe, j’ai mis un moment à comprendre pourquoi et je n’ai pas encore
totalement résolu cette question. Certaines choses sont appréciables
(l’ambiance, la musique, l’image, les acteurs globalement), d’autres moins (les
paillettes et les ralentis cuicui dans la forêt…) et je n’ai pas pu m’empêcher
de tous les voir (et revoir) tout en n’appréciant pas le fond. Une espèce
d’attirance/rejet étrange.
Catalogué film de fille, parce
que “j’ai 18 ans et je t’aime et je t’aimerai toujours et je mourrai si tu
m’aimes plus”, je comprends je comprends. Sauf que au final, tout est sacrifié
au nom de “happy ever after”, c’est d’ailleurs comme ça que ça se termine
(attention, je spoile). Ah oui, parce que en plus les vampires, s’il se
débrouillent bien, sont immortels donc là on parle d’un vrai “ever after”, pour
toujours toujours.
Qu’est-ce qui est sacrifié, me
direz-vous?
Et bien le supérieur, ce qui
dépasse les autres et la raison pour laquelle les autres se battent: ce qui
dépasse le groupe restreint de la famille, des amis proches ou de la communauté
à laquelle on appartient et qui a trait à des principes globaux de vie
ensemble.
Dans Twilight, les Volturi font la loi pour ce qui concerne les vampires
et maintiennent une sorte d’ordre, mais ce ne sont pas des figures d’autorité
comme celles que l’ont trouve dans les autres oeuvres : ils font leur loi et
parfois au mépris de la (leur) justice. C’est amusant de remarquer que pour une
fois des Russes ont raison dans un film américain (je trouve) : les deux
personnages qui ne sont venus que pour se battre et pour régler leurs comptes -
certes - sont les seuls à dire que c’était l’occasion de se libérer du poids
des Volturi. Mais justement cette occasion n’a pas été prise par les
protagonistes.
La scène de bataille finale est
belle et justifiée par tout ce qui précède, des gentils meurent, mais ça fait
partie du jeu. La réelle fin du film ne l’est pas et gâche tout à mes yeux.
Cela veut dire que le clan des héros est prêt à continuer à vivre sous le joug
de cette famille du moment qu’ils ne viennent pas dans leur jardin leur piquer
des carottes. La morale de l’histoire est donc très égoïste, et c’est cela qui
me gêne profondément. L’auteur a tout sacrifié pour préserver le bonheur
éternel de ses deux personnages principaux. Et c’est pas cool.
Après avoir mis le doigt sur ce
qui m’irritait, je me suis demandée si ce n’était pas symptomatique de la
société actuelle dont certaines valeurs sont contestables, à mon avis. C’est
une réelle question car je n’ai pas de connaissance très étendue de ce genre
littéraire ou au cinéma, et je n’ai confronté que les oeuvres que j’avais lues
ou vues. Je ne sais pas si c’est une tendance ou si d’autres ouvrages
comparables existent déjà depuis longtemps, mais pour que le plus récent, Twilight, ait eu le succès que l’on
connait, il faut bien que cela résonne chez les spectateurs et je trouve que
c’est inquiétant.
Alors bien sûr c’est du
divertissement et on est pas obligé de réfléchir à tout tout le temps machin.
Mais ça n’empêche pas que du divertissement peut ne pas être abrutissant et
peut être AUSSI enrichissant. J’aimerais citer Alexandre Astier dans sonpassage dans l’émission de M. Morandini face à la mère d’un participant à uneémission de téléréalité, mais je ne me souviens plus exactement de ses mots… Je
citerais aussi bien Antoine de Caunes, qui parlait de l’émission “Les enfants
du rock” : il disait qu’à cette époque la télévision publique diffusait desémissions pour TOUS les publics. Aujourd’hui toutes sortes de prétextes sont
évoqués pour présenter à un seul public des programmes affligeants.
Depuis
quand a-t-on décidé que l’intelligence était à bannir des médias? Depuis quand
les spectateurs ne sont plus considérés dignes d’intérêt pour les projets
culturels de masse? Car on parle toujours bien de culture. Et la culture, c’est
l’humanité. Et l’humanité avec les Cullen, ben elle durerait pas longtemps.
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