mercredi 20 novembre 2013

God I love football....but...

God I love football*

Mon Dieu, qu'est-ce que j'aime le foot. Voilà ce que donnerais la traduction française de cette phrase faisant partie de l'ADN du coach Taylor, personnage pivot de l'excellente, et trop méconnue, série Friday Night Lights, qui raconte la vie d'une petite ville du fin fond du Texas où les semaines de la population toute entière tournent autour des matchs de l'équipe de foot us du lycée. Alors bien entendu quand je reprends cette sentence, c'est pour parler de ce que les texans appellerais du soccer, mais là n'est pas la question car je suis venu vous parler d'amour.


J'aime le football


Depuis ma plus tendre enfance, j'aime ce sport. J'aime ce sport car, comme tous les sports que j'ai pratiqué étant enfant, c'était l'occasion de passer du temps avec mes copains. Mais à la différence de tous les autres, nous avions tous notre place dans l'équipe. Trop petit pour le basket, socialement inadapté au tennis, trop indiscipliné pour les arts martiaux, le foot me prenait tel que j'étais, en me faisant passer par tous les postes pour que j'y trouve finalement ma place au cœur de la défense. Là où l'on n'a pas d'autres objectif que de pourrir pendant 90 minutes la vie des attaquants de l'équipe adverse afin que les attaquants de notre équipe soient les seuls à s'exprimer sur le terrain. 

Ceux qui ont passé quelques soirées avec moi, savent à quel point, je peux m'enflammer sur ce sport, philosopher à n'en plus finir sur ses vertus socialisante et sur les parallèles qu'on peut trouver entre le terrain de football et la vie en société. J'aime profondément ce sport au point de le défendre parfois avec toute la force de ma mauvaise foi, comme celle que je peux avoir en tant que supporter du PSG, qui bien que conscient du modèle économique dans lequel évolue ce club, ne peux cesser de l'aimer. 

J'aime Mamadou Sakho


Et je me souviens de la profonde peine et de la déception qu'ont provoqués sont départ à Liverpool. J'y ai vu de la lâcheté et de la faiblesse et je me suis sûrement trompé sachant que je n'étais pas là au cœur du vestiaire pour savoir sur quoi se basait sont envie de quitter le club qui a fait de lui ce qu'il est.

Mais quoiqu'il arrive, j'aime ce fils de sénégalais, titi parisien de la Goutte d'Or, qui s'est construit dans les pires heures de son club formateur pour le quitter au sommet de la réussite. 


J'aime la France 

Certes d'un amour complexe et parfois ambiguë, mais bien sûr que j'aime le pays où je suis né. Le pays qui a fait de moi qui je suis. Ce pays que j'habite et où j'ai encore tant à découvrir. Ce pays m'appartient autant qu'à chacun des 66 millions de citoyens qui en sont issus.

...but...


Mais je n'en peux plus 

Je n'en peux plus, au point que malgré tout ce que je viens de vous exposer, j'en viens à éviter de me retrouver dans les alentours d'un poste de télévision les soirs de match de l'équipe nationale. Je n'en peux plus de la place que prend le football, dans les médias, dans les conversations, dans la vie politique et économique de ce pays. 

Je n'en peux plus d'entendre ceux qui n'aiment pas ce sport que j'aime tant, me dire que c'est l'opium du peuple et que c'est parfait pour nous détourner des vrais problèmes. Parce que c'est vrai. 

Je me rappelle de 98

Je me souviens de l'engouement populaire, de ces gens qui d'habitude te jettent en l'air quand tu leur parle de ballon rond qui venait vers toi pour commenter le match de la veille. 
Je me souviens de cet air de fête, de cette envie de partage qui habitait tout le monde. 
Je me souviens qu'on disait NOUS, là où on dit ILS aujourd'hui 
Et je me souviens que je n'y croyais pas. 

J'ai longtemps associé 98 et 2002, et je continue à le faire. 
J'ai longtemps pensé que ce même pays qui projetait le visage d'un fils d'algérien sur l'arc de triomphe en 98 était capable d'envoyer le Front National au second tour de l’élection présidentielle. 
Bien entendu, résumer le cataclysme électoral du 21 avril à une prétendue nature raciste du peuple français serait faire abstraction de l'échec idéologique de la classe politique française et notamment du parti socialiste dont le secrétaire national de l'époque est aujourd'hui à l'Elysée, mais ça c'est un autre débat. Ce que je veux dire, c'est que, sans pour autant jouer les Cassandre, la victoire de 98 avait pour moi une mauvaise odeur qui s'est concrétisée en mauvais goût aux élections présidentielles qui ont suivi. 

On construit pas une unité nationale sur du football. On ne construit pas le sentiment d'appartenance de 66 millions de personnes aux origines et aux destins divers à partir des performances de 11 mecs dont les seuls compétences reconnues sont footballistiques. 

On voit bien que même au Brésil, la Mecque du football, la population n'est plus dupe et conteste les investissements faits dans le cadre de cette Coupe du Monde que l'on voit comme le graal de notre avenir. Tout simplement parce que le football n'est pas la vie et que la vie est plus importante que le football. 

Pour moi, le surinvestissement de ce match que la France a fini par gagner n'est qu'un symptôme supplémentaire du fait que nous soyons un pays malade. Et quand je parle de maladie, je pense à une maladie mentale. Notre corps est sain et plein de vie, mais notre esprit commun est malade et nous pousse à enchaîner les erreurs. 

Mon Dieu qu'est ce que j'aime le football.
Mon Dieu qu'est ce que je vous aime
Mais, mon Dieu, qu'est ce que vous me faites peur.


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