vendredi 18 octobre 2013

Ô heureux jours qui nous font Grandir...

Sortie Nationale le 23 octobre 2013 



Chères lectrices, chers lecteurs,

Pour de multiples raisons que je vous exposerais peut-être un jour, je porte en mon cœur une affection particulière pour la personne et l’œuvre de la cinéaste montreuilloise Dominique CabreraPourtant en voyant de prime abord le sujet de son dernier film, on aurait tendance à se dire : 

« Un film autobiographique sur une famille qui n’est pas la mienne, ça ne me concerne pas »


Et bien vous vous trompez lourdement ! Cela vous concerne pleinement pour peu que vous soyez un peu sensible et que vous soyez un être humain. Le documentaire intitulé « Grandir » qui sort en salle le 23 octobre prochain, interroge cette question hautement d’actualité de la construction de l’identité en choisissant de le traiter à travers le prisme de la famille. Comment se construit-on à travers les gens que l’on aime ? A travers leurs affects et leurs parcours et à travers cette suite d’évènements anodins et d’épreuves plaisantes et douloureuses que l’on appelle la vie. Et c’est en la parcourant que l’on grandit. 

L’autre point sur lequel on peut considérer que vous vous trompez en ne voyant pas d’intérêt à ce film c’est le fait que cette famille ne peut pas vous faire penser à la vôtre, que ce soit par ce qu’elle vit, qui est inhérent à toutes les familles, notamment au famille originaire de l’autre rive de la Méditerranée, mais aussi parce que la cinéaste a réussi là où l’on échoue bien souvent dans ce genre d’exercice, à savoir, rendre universelle, une histoire toute particulière et tout aussi intime. 

Et quand on lui demande pourquoi elle a fait ce film sur sa famille et qu’elle nous répond « Pour la beauté du geste, pour participer à la beauté du Monde, pour participer à la conservation du monde et pour qu’ils restent en vie », on oublie les défauts formels qui peuvent découler du fait de sortir un camescope à tous les repas de famille pendant 10 ans. Parce que ceux-ci sont noyés sous la puissance du récit. La beauté est ailleurs, elle n’est pas dans la composition des cadres ou dans les jeux de lumières, elle est dans les visages, dans les sourires et dans les larmes, dans les (gentilles) engueulades et dans les mots tendres. La beauté est dans ce balancement permanent entre l’avenir qui s’incarne dans les enfants et ces racines déracinés que peuvent être des parents immigrés. La beauté est dans ce qui se transmet des uns aux autres, dans les corps et les caractères, dans les pensées et dans les gestes. 

En sortant de ce film, vous aurez envie d’aller dîner chez vos parents pour qu’ils vous racontent leurs histoire, d’embrasser vos neveux et vos nièces tandis qu’ils vous racontent leurs problèmes infantiles mais si importants, de profiter de ceux qui vous sont chers, comme si c’était la première ou comme si c’était la dernière fois. 

Si vous souhaitez suivre Dominique Cabrera dans son voyage intérieur et finalement le faire aussi un peu en vous-même, je vous invite à aller voir « Grandir » dès sa sortie, le mercredi 23 octobre, parce que c'est un film fragile qui aura besoin d'être soutenu par le public pour que sa vie en salle soit longue, et plutôt au Meliès, parce que c'est une cinéaste montreuilloise et que je suis un peu chauvin. 

NB : Ce texte est repris de la Chronique Cinéma de l'émission Michto Ma Radio du 13 octobre 2013 







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