Ceci est un coup de gueule !

J'en ai marre qu'on m'en parle en tant que le chanteur de R'n'B gay. J'en ai marre, parce qu'en fait je m'en fous. J'en ai marre parce que je n'ai jamais jugé un artiste sur ses préférences sexuelles. Et, bien qu'en l'occurrence, il soit très rare de voir des artistes de ce genre musical assumer pleinement leur homosexualité, je suis profondément lassé par le fait que cet aveu (je suis moi-même gêné par le terme que j'utilise) occulte bien souvent dans les discours la qualité de l'oeuvre de cet artiste. 

La première fois que j'ai entendu ce morceau, j'ai replongé des années en arrières (vieux con que je suis) et j'ai repensé à l'émission "Slow Jam" de Générations 88.2 que j'écoutais dans mes jeunes années, à l'affût des nouveaux morceaux de beau-gosse de Jodeci, du dernier tube sexuel de R. Kelly, des pépites sucrées de Keith Sweat. Et à cet époque je ne me demandais pas qui ils ramenaient dans leurs pieux. (Même si dans leurs clips, ils ramenaient toujours de magnifiques métisses aux jambes kilométriques et aux poitrines volumineuses, comme il en existe seulement dans les clips de R'n'B . Je ne me le demandais pas parce que pour moi le r&b a toujours été avant tout centré sur la question suivante : Qui vais-je ramener MOI dans mon lit ?

Et du coup, quand j'écoute ce morceau de Frank Ocean, je ne suis pas en train d'imaginer deux hommes dans un lit, mais je ne suis pas non plus en train d'imaginer une de ces tristes scènes hétérosexuelles et redondantes à la moiteur prévisible et à la sensualité de soft porn. Non, j'essaie plutôt de m'imaginer sous la couette avec la personne qui partage pour de vrai mon affection et mon intimité. Et j'imagine notre sentiment amoureux qui se transforme en actes sexuels. Et dans la rêverie de ce moment qui n'appartient qu'à moi et à la personne avec qui je le partage, je me rends compte que ce morceau est juste énorme et que le mec qui le chante est juste trop fort. Parce que je ne lui ai jamais demandé de fabriquer mon imaginaire. Je ne lui ai d'ailleurs jamais rien demandé d'autre que de me donner une bande son pour ma vie (pour reprendre un autre morceau que j'aime beaucoup en ce moment) et que quand ça marche, plus rien n'a d'importance. Et surtout pas la gueule, le poids, ou les préférences sexuelles de la personne qui chante. 

La fameuse lettre dans laquelle Frank Ocean a fait son coming-out sur Tumblr

Je pourrais m'étendre et parler pendant des heures du caractère normatif du monde du r&b, mais il est tard, et alors que je devais vous présenter Mz Bratt aujourd'hui dans le cadre de mon dossier du mois, je me retrouve à m'enflammer sur le premier morceau de R'n'B que j'écoute en boucle depuis ça . En plus, je vous parle d'un morceau qui commence à être vieux (quand on s'en tient aux critères actuels, au regard desquels l'Amour dure trois ans, mais la vieillesse arrive au bout de deux mois). J'essaie d'être le plus souvent possible en avance sur mon temps, mais comme je ne suis ni une machine, ni un humain augmenté (ce qui est la même chose pour moi, mais c'est un autre débat) je ne suis pas toujours au taquet et il m'arrive de rater des moments de la vie médiatique et tendancielle (j'espère que ce mot existe).

Ainsi, j'ai découvert Frank Ocean bien après la plupart des lanceurs de tendances, auxquels il m'arrive, dans mes nombreux excès d’égocentrisme  de m'identifier.  J'avais découvert il y a quelques années le membre le plus éminent de la bande d'ados décérébrés mais follement créatifs que l'on appelle OFWGKTA  (Odd Future Gang Wolf Gang Kill Them All) ou Odd Future pour les intimes, en la personne de Tyler The Creator. 

Un mec dingue sur lequel je suis tombé par hasard quand il a sorti ce fameux featuring avec Pusha-T, dont j'adore le flow depuis The Clipse, même si je trouve son écriture un peu abusée parfois. 

Mais là encore c'est un autre débat et je devrais créer un blog avec juste les choses sur lesquels j'ai dit que je reviendrais sur ce blog-ci. Il y aurait des pages et des pages et....bref. 

Promis demain, je continue mon dossier et je vous parle de rappeuses anglaises. 

Que votre nuit soit bonne. Moi ça va mieux.

J'ai craché ma bile. 

Je suis calmé.