samedi 17 mars 2012

Invasion Los Angeles (They live) réalisé par John Carpenter (1988)

Chronique Cinéma de l'émission Michto ma radio du 11 décembre 2011

Alors que nous devions recevoir les Restos du cœur, au cours de cette émission, et bien que ce ne fut finalement pas le cas, je me devais de parler de cinéma social. D'évoquer  l'un de ces films qui nous parle de ceux que la vie a brisé, de ceux qui luttent pour survivre. Et, par le plus grand des hasard, il s'avère que l'un de nos plus célèbres cinéastes montreuillois, fortement inspiré par le cinéma social et politique, a sorti, il y a quelques semaines, un film inspiré du poème « Les Pauvres gens » de Victor Hugo. On y parle de plans sociaux, d'intégrité, mais surtout de solidarité de classe, 

Pourtant, aujourd'hui, je ne vous parlerais pas des Neiges du Kilimandjaro de Robert Guédiguian.



 
Je profite de l'occasion de parler de cinéma sociale pour présenter à ceux qui ne le connaisse pas,  un ovni cinématographique de 1988. Pourquoi ovni ? Non seulement, parce qu'il s'agit du seul film, à ma modeste connaissance, dans lequel, un ouvrier du BTP au chômage sauve le monde.  Mais aussi parce que c'est la première fois qu'un film grand public dénonce une oligarchie politico-médiatique, dont le but est de faire en sorte que le peuple travaille, se divertisse, se normalise, pour mieux le contrôler et l'exploiter. Et que cela se fait à travers la publicité, les journaux, mais surtout la télévision. Je vous rappelle que nous sommes dans les années 80 et qu'aux états-unis, le président s'appelle Ronald Reagan.

Mais permettez-moi de faire ce par quoi j'aurais dû commencer, à savoir, évoquer en quelques mots le récit développé dans ce film. John Nada, fringant ouvrier du bâtiment à la blonde nuque longue, débarque à Los Angeles, avec sa maison sur le dos et pour seul richesse sa force de travail. Il cherche du boulot parce là d'où il vient c'est la crise, comme partout. Sur le chantier, il fait la connaissance d'un ouvrier noir du nom de Frank, ayant quitté femme et enfant dans un Detroit sans emploi pour trouver du boulot. Frank lui propose de rejoindre le bidonville dans lequel il vit à la périphérie de la ville et dans lequel des bénévoles distribuent des repas gratuitement (serait-ce ici un hommage discret quoiqu'insistant à ns invité du jours).

Un soir, Nada découvre une étrange émission de télé pirate qui dénonce le développement par un groupe dominant d'une pensée unique dont le but de de nous garder « endormis », « égoïstes », « insensibles ». Plus tard, il va être témoin, de l'activité clandestine d'un groupe que nous qualifierons de résistants opérant à proximité du bidonville, jusqu'à ce que ceux-ci soit découverts par la police et obligés de s'enfuir. C'est en se glissant dans leur QG vide qu'il va découvrir une paire de lunettes, qui bien que très moches (on est dans les années 80 quand même, l'esthétique était autre à l'époque) vont l'amener à faire une découverte déconcertante. Les panneaux publicitaires portent des messages subliminaux visibles seulement avec les lunettes tels que: « Marries-toi et fais des enfants », « Consomme », « Pas de pensée indépendante » « Obéis », « Achète », « Regarde la Télé », « Reste endormis », et j'en passe. Les billets portent le message très simple mais efficace: « ceci est ton dieu ». Et il découvre surtout que les personnes qui ont réussis, les cadres supérieurs, les politiciens, les journalistes, les banquiers, les employés de Standard et poors, ah non ça c'est pas dans le film, pardon, bref, tout ces gens symboles de réussites matérielle, ont vraiment une sale gueule, quand a les lunettes sur le nez, et pour cause, ce sont des extraterrestres.

Nous verrons ensuite comment ce prolo va devenir le héraut de la résistance et botter le cul des flics, des extraterrestres et de leur complices. (les traîtres !!), dans un actioner fauché mais punchy et efficace.

Ce film est donc au moment où il sort une critique acerbe, mais pleine de second degrés, de la prise de pouvoir des Yuppies (pour Young Urban Professionnal)  dans une Amérique reaganienne qui est le commencement du monde occidentale  dans lequel nous sommes aujourd'hui. En France, à l'époque,on parlait de Jeunes Cadres Dynamiques. (souvenez-vous du personnage John-Cadre d’Hinnamich  dans Boule et Bill). On y trouve également en filigrane, (dans le film, pas dans Boule et Bill), une évocation du combat du réalisateur lui-même, dans un cinéma hollywoodien, où les producteurs cinéphiles laissaient la place aux cadre de multinationales issus d'écoles de commerce et avec un tableau excel à la place du cœur et un powerpoint à la place du cerveau. Ce qui a fini par nous donner le cinéma hollywoodien que nous avons aujourd'hui et pousser les créatifs à la télévision.  


Ce film évoque également cette notion d'oligarchie que l'on retrouve aujourd'hui dans le discours de certains hommes politique. C'est un film visionnaire. Le titre original est tiré d'un slogan que l'on voit apparaître à un moment sur un mur : « They Live, we sleep ».


Ce film, pour ceux qui ne l'avait pas reconnu, c'est « Invasion Los Angeles » de John Carpenter.  Alors oui le titre français est pourri, de même que ma conclusion, mais c'est le film dont je vous ai parlé aujourd'hui.





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire