mercredi 27 août 2014

Ceci est un coup de gueule :

Y'en a marre du Mal !



Un soir en rentrant chez moi, je tombe sur une affiche dans la rue faisant la promotion de la dernière série de la première chaîne de télévision. Cette série, dont je tairais pour l'instant le nom, raconte, d’après ce que j’en ai compris d’une vision furtive du teaser, l’affrontement psychologico-policier et judiciaire que semble se livrer un psychopathe qui est un mix de l’Hannibal de Madds Mikkelsen et du vieil Hannibal d’Anthony Hopkins dans le Silence des Agneaux. 



Madds Mikkelsen


Anthony Hopkins

En gros, la série en question nous raconte la même histoire que toutes les séries du monde, mais surtout une histoire qu’on ne cesse de nous resservir sous toutes formes possibles et imaginables depuis le film de Jonathan Demme (qui date quand même de 1991).

Cela m’a permis de prendre conscience de deux choses :

La première c’est que les séries, en gros la fiction télévisuelle, ce genre qui fut pendant longtemps un genre mineur face au dieu Cinéma a fini par devenir tellement tendance que l’on en fait la publicité dans la rue, au milieu des voitures, des boissons, des biscuits et de tous les autres produits de grande consommation qui domine l’espace visuel de la ville moderne.

Mais aussi et surtout que la figure principale du champ médiatique offert au grand public est le mal.


Non content d’occuper la première ligne dans les espaces médiatiques d’information, le mal est devenu aujourd’hui le principal attrait de toutes les œuvres majeurs de la fiction télévisuel. Sans s’étendre sur la définition de ce que j’appelle des œuvres majeures et sur laquelle je me devrais de revenir ultérieurement par honnêteté intellectuelle, je me focaliserais sur les œuvres faisant le plus évoluer le medium fiction télévision sur le plan formel. Par formel, j’entends le déploiement de techniques d’écriture scénaristique, de mise en scène, de prise de vue, et de post-production permettant d’obtenir l’immersion la plus importante de la part du spectateur et un rapport d'identification très fort entre lui et les personnages. Et il s’avère que des séries telles que Profit (1996, HBO), Oz (1997, HBO), The Sopranos (1999, HBO), The Wire (2002, HBO), The Shield (2002 , FX), Dexter (2006, Showime), et plus récemment House of Cards (2013, Netflix) ou Hannibal (2013, NBC), ont développé un art de créer un lien intense et durable entre des personnages objectivement amoraux (dans les limites que peut avoir cette expression) que l’industrie audiovisuelle développe aujourd’hui, en série (c’est le cas de le dire) et à destination du public le plus large possible des figures négatives fascinantes. 

Petite Galerie de fascinantes crapules en action : 

Jim Profit séducteur agressif
Adébisi, l'homme qui a révolutionné le port du bonnet
Tony Soprano quand il ne déprime pas
Avant Luther, avant Mandela...il y avait Stringer Bell
Vic Mackey en pleine intervention
Frank Underwood fait reperages
Hannibal prépare à manger

Sans parler d’imaginaire collectif, je me rends compte que mon imaginaire personnel se construit sur la base de héros qui sont des meurtriers, des cannibales, des flics et des politiciens corrompus ou des serials killers et de génie du crime. Je ne veux pas paraître moralisateur ni réactionnaire, mais dans une vision un peu anthropologique de notre société, je suis convaincu que la fiction, comme le font les contes dans les civilisations que l’on regarde bien souvent de haut depuis l’occident, a pour but de construire un imaginaire collectif permettant la société de prospérer et de se maintenir en donnant, non seulement des exemples de dépassement, mais également des leçons de vie à travers l’expérience partagé de personnages, historiques, fictifs ou les deux.

Or quelle société peut donner celle qui nourrit son imaginaire collectif en faisant des êtres les plus vils, les personnages les plus fascinants et, de fait, les modèles et références qui nous viennent à l'esprit quand on se retrouve face à certaines situations dans notre vie ?


Entendons-nous bien, je n’acccuse aucunement les œuvres que je viens de citer, bien au contraire, nombre d’entre elles occupent une place chère dans mon cœur, mais je dirais plutôt que des prototypes ayant été crées bien souvent en marge, voire contre le système industriel des médias dominant, sont devenus les modèles de la production industriel de ce même système, au point de le saturer de figure qui avait, à la base, pour fonction première d’être marginales. 

Et que cela donne un résultat hautement anxiogène auprès du public qui est visé par le système industriel, à savoir, le plus de monde possible.


Je ne remets pas en cause la qualité de la série The Blacklist. Je ne l’ai pas regardé et comme beaucoup de série aujourd’hui, elle fait appel à des acteurs et des réalisateurs venus de l’industrie cinématographique considérée comme qualitativement supérieur à l’industrie télévisuelle (ce qu’elle peine à prouver depuis quelques années, mais c'est un autre sujet). Ce que je ne supporte plus c’est que mes héros soient des monstres et que dans les moments difficiles où je souhaiterais pouvoir m’appuyer sur les personnages de mon imaginaire pour me dépasser, je n’ai pas envie de manipuler mes collègues pour arriver à mes fins comme Frank Underwood ou de tuer ceux que je considère comme nuisibles.

Je n'arrive plus à regarder la plupart des séries considérées comme "grand publics" parce qu'elle me parlent presque toutes de meurtres, de déviances, et de souffrance (et c'est un mec qui a regardé A Serbian film un dimanche matin en prenant son petit dej qui vous dit ça). Et qu'en plus, dans une vision un peu républicaine, elle ne m'offre rien d'autres que des policiers et des agents secrets comme figures positives. Et je ne m'étendrais pas sur le rapport très limite à la communauté musulmane induit par la cohorte de série mettant en scène de braves agent du contre-espionnage américain, travaillant pour des agences rivalisant dans la création d'acronymes, et combattant de vils arabes qui usent de tous les subterfuges offerts par le pays des libertés pour le détruire de l'intérieur. 

J'ai envie et besoin de voir autre chose.
J'ai envie et besoin de m'identifier à des personnages qui sans forcement le faire, au moins, veulent du bien à leur prochain. 

Et je ne m'étendrais pas non plus sur le fait que je veux voir plus d'héroïnes, ce sera l'occasion d'écrire que j'en ai marre du Mâle. 

Je vous laisse avec un edito sympa sur lequel je suis tombé ce matin et qui parle de la violence dans les médias :Aux racines du mal et quitte à parler de violence, autant s'écouter l'un des son les plus violents que j'ai eu l'occasion d'entendre durant mes jeunes années. 



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1 commentaire:

  1. Et puis il y a Joséphine Ange Gardien. Une Femme. (voilà, ça fait 100€ pour la prestation de conseil en analyse de blogging).
    Bel article !

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