vendredi 6 décembre 2013

A la marge de l'hommage




Ceux qui commencent à me connaître ne sont pas sans savoir que j'ai un problème avec l'unanimisme. 

Précisons les choses, je n'ai rien contre l'unanimité en tant que processus décisionnel au sein d'un groupe restreint, mais les réactions de masses tendant toute dans la même direction sont l'une des choses les plus irritantes qui soient pour moi et j'en viens parfois à me demander si ce n'est par masochisme que je consulte le réseau social zuckerbergien.

La raison de mon courroux ce matin n'est pas tant le fait que tout le monde rende hommage à la disparition d'un grand homme. Ce qui m'interroge c'est de savoir qu'une fois cet hommage matinal rendu sur un réseau social, chacun va retourner à son action quotidienne qui ne remet jamais en cause le monde que Nelson Madiba Mandela a participé à faire évoluer sacrifiant pour cela les plus belles années de sa vie (entendez en cela les années que nous sommes le plus censé attribuer à la quête de la jouissance).





Je m'interroge également sur la connaissance réelle que tous ceux qui rendent hommage à Mandela ont de l'histoire de l'Afrique du sud. L’Afrique du Sud ce n'est pas que le jeux de jambes de Johnny Clegg et les beaux yeux de Candice Swanepoel.  

Personnellement j'ai découvert ce pays à travers les histoires de deux personnages amenés à moi par la fiction. 

Tout d'abord Shaka Zulu qui dans la mini-série dont il était le personnage principal fut pour moi la première représentation fictionnelle d'un grand homme africain et dont je vous invite à étudier l'histoire et ensuite la puissante interprétation de Steve Biko, héros oublié de la lutte contre apartheid par Denzel Washington dans le Cry Freedom de Richard Attenborough qui m'a amené à lire trop jeune les livres d'André Brink que j'invite tout ceux qui s’intéresse a ce pays à découvrir.

Si je vous parle de tout ça c'est pour que vous ayez conscience du contexte et de la nature des combats qui ont pu être menés par Mandela. 

Mais comme souvent le passé n'est là que pour nous aider à mieux construire l'avenir et, pour être honnête avec vous ce qui me rend dingue, ce qui me fait enrager c'est de constater à quel point on agit peu pour changer ce monde alors qu'on prétendument plus libres et mieux outillés pour le faire que toutes les générations qui nous ont précédé. Au lieu de mener ces justes combats, on préfère s'évader dans la fête, la fonce-dé, le travail stakhanoviste ou la consommation plutôt que de faire face à ce qu'on veut vraiment faire de notre vie et de notre monde.

Par ailleurs, contrairement à ce que nous a inculqué la culture américaine, il n'y a pas de super-héros et ceux qui changent le monde sont des femmes et des hommes ordinaires qui changent le monde à la force de leur volonté et de leur détermination. Mandela était de ceux là et son humilité n'était pas feinte. Elle venait du fait qu'il savait qu'il n'était pas meilleur que les autres, mais qu'il voulait rendre les autres et le monde meilleurs. Et d'une certaine manière, et malgré tout le travail qu'il reste à faire en Afrique du Sud, il a réussi.

Ce qui m'interroge au point de me donner la migraine c'est de voir autour de moi tout ces potentiels, toutes ces forces, toutes ces personnes capables de soulever des montagnes seules et encore plus quand elles se réunissent et de voir que tout le monde se contente de rendre des hommages tantôt à Hessel, tantôt à Mandela, sans jamais se demander ce que NOUS pouvons faire à NOTRE échelle.

N'oublions jamais que le plus bel hommage que l'on puisse rendre à un disparu est de vivre et de perpétuer son combat à travers notre vie de tous les jours pour transmettre ensuite le flambeau aux générations qui nous suivent.

Quittons-nous en musique sur une image de l'Afrique du Sud d'aujourd'hui avec les doux-dingues de Die Antwoord.



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