lundi 18 juillet 2011

J'ai rencontré le diable....en me regardant dans le miroir

 J'ai rencontré le diable....

Parfois on sort d'une séance de cinéma, ne sachant pas vraiment quoi penser à propos du film que l'on vient de voir. Et aussitôt la réalité vous saute au visage et transforme complètement votre point de vue sur une question.  C'était mon cas en sortant de ce film. Tout d'abord parlons de ce film.



Grand admirateur de Kim Jee Woon depuis ma rencontre avec son "Bittersweet Life" allongé sur un transat du Cinéma de la Plage du Festival de Cannes 2005. J'y ai également découvert Lee Byung Hun, figure héroïque quasiment trop parfaite, à l'époque. C'est donc avec un plaisir  non feint que je me précipite pour voir la troisième collaboration de Kim Jee Woon et Lee Byung-Hun, avec en invité surprise l'inoubliable Oh Dae Soo du "Old Boy" de Park Chan-Wook, le grand Choi-Min-Sik. La filiation avec le cinéma de Park Chan-Wook n'étant pas seulement dans la présence de l'un de ses acteurs fétiche, mais également et surtout dans le thème développé par le film.

Ainsi après la trilogie de la vengeance (Sympathy for Mister Vengeance, Old Boy, Lady Vengeance) voici un nouveau film sur le sujet qui m'amène quand même à me poser des questions sur les traumas profonds du peuple coréen.



Que dire de ce film ?

Que j'ai été emporté par la folie vengeresse de Soo-hyun, parce que oui, je ne peux que le comprendre et que moi aussi dans la même situation (les capacités dues à son métier en moins) je n'aurais qu'une envie également, faire souffrir celui qui m'a pris ce que j'avais de plus cher. Et le faire souffrir sans fin.
Nous voici donc complices des pires violences et, même si ceux qui en sont les victimes "le méritent", j'avoue être toujours un peu troublé par les cris de plaisirs et les rires  joyeux qui émanent de la salle et accompagnent les actes de barbaries perpétrés par notre héros. Mettons cela sur le dos de la catharsis.
 
Comme toujours, Kim Jee Woo réussit donc à faire un film très beau:  les plans sont magnifiques, les scènes de violence sont graphiquement maîtrisées, le héros est charismatique et le méchant répugnant. Mais nous n'apprenons rien de nouveau sur le sujet. La vengeance est comme un feu qui brûle de l'intérieur celui qui s'y attelle. On l'avait déjà appris chez Park Chan Wook et on le savait bien avant. 

A la limite, je dirais que la petite nouveauté apportée sur la question est justement celle des limites. Y-a-il des limites à ne pas dépasser dans ce genre de situation ? D'ailleurs, embarqué dans une surenchère d'immoralité face çà Jang, Soo-Hyun va clôturer le combat qui les oppose et donc le film d'une manière qui ne lui fait pas honneur et qui finalement dépasse en cruauté toutes les tortures des Hostel et autres Saw.

...en me regardant dans le miroir

Sortant de cet ouragan de violence et l'esprit plein de questions sur nos amis coréens, je rentrais tranquillement chez moi accompagné de ma chère et tendre et nous avons vécu dans le métro une interaction fort désagréable. Ceux qui me connaissent savent que je suis un français issu de l'immigration noir-africaine et que j'ai la chance de partager ma vie avec une jeune femme dont les origines se situent de part et d'autres de la mer Méditerranée. Il arrive souvent que notre couple ne passe pas inaperçu et attire sur lui des regards allant du curieux au désapprobateur. Bref, voilà que dans le métro s'installe en face de nous deux petits mecs d'une petite vingtaine d'année qui regardent ma compagne et moi-même du genre "Qu'est ce qu'elle fout avec un karlouche?" Ce que je n'ai pas précisé c'est que les deux mecs sont de petits rebeus et que ce n'est pas la première fois que ça nous arrive. Dans cette situation, ma pondération à limité mon action à une série de regards noirs à ces deux petits cons (appelons un chat un chat) et en arrivant finalement à la maison, frustré par le malaise provoqué par la scène chez ma petite amie, j'en suis venu à regretter de ne pas m'être levé pour les enchaîner de patates dans la gueule.j'en suis venu à me demander pourquoi ne pas privilégier la violence ;  Ce serait tellement bon de leur défoncer leur petite gueule et d'éclabousser les parois du métro de sang et d'éclats de dents.

Mais non en fait !!

A quoi bon ? A quoi bon mettre le doigt dans un engrenage ? Tu pète la gueule à un mec au mieux il porte plainte, au pire il se venge, faisant entre dans la danse des poissons plus gros que toi, t'obligeant toi-même à aller chercher des gros bras de ton entourage et ainsi de suite, et ainsi de suite. Et tout ça pourquoi ? Pour un regard ? Un regard certes détestable, méprisable au plus haut point, et surtout lourd de sens et de tares d'une société finalement pas si cosmopolite que ça dans les esprits de certains. Comme si une femme d'une origine déterminé appartenait aux hommes de sa "communauté".

Au final tout ce qui peut nous sauver c'est l'amour. Ça peut paraître con à dire, mais jeter notre bonheur à le gueule de ces mecs qui ne veulent pas le voir leur fera plus mal que mes poings.

Je ne ferais pas la même erreur que Soon-Hyun, je m'arrêterais avant qu'il ne soit trop tard. Je ne rentrerais pas dans le jeu de ceux qui détruisent.

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