samedi 9 février 2013

L’homme aux poings d’acier et au scenario en carton


Grâce à Polisse, je suis devenu un véritable critique de film, c’est-à-dire que je parle autant, si ce n’est plus des films que je n’aime pas que des films que j’ai aimé. Je vais donc vous parler d’un film qui, pour reprendre l’expression de l’ami avec qui je l’ai vu, est sûrement issu d’un scénario écrit par un enfant de 11 ans ayant vu trop de films de kung-fu de série Z dans le New-York des années 70-80. Aujourd’hui, je -vais vous parler du film « The Man with Iron Fists » réalisé par the RZA





Je dois vous avouer que j’attendais ce film avec impatience, je suis un grand admirateur de the RZA et du Wu-Tang Clan. J’ai grandi avec « Protect ya Neck », « Da Mystery of da Chessboxin’ » et je me souviens avoir été impressionné par les combats de la fin du clip de « Gravel Pit ».


Par ailleurs, étant le fils d’un ancien karatéka, féru d’arts martiaux et de cinéma asiatique, j’ai vu pendant mon enfance des kilomètres de bandes vidéos de films d’arts martiaux hong-kongais, grâce à René Château et ses concurrents et grâce au vidéo club de l’ancienne galerie marchande de la Mairie de Montreuil et aux boutiques indiennes de Strasbourg Saint Denis qui vendaient des cassettes vidéos à 10 francs. J’ai eu a chance de voir les chefs d’œuvres de la Shaw Brothers de même que d’obscures séries Z issus des studios stakhanovistes de l’île qui est redevenue chinoise depuis lors. Je pourrais parler longuement de cinéma hong-kongais des années 70/80, mais ce n’est pas le but de l’exercice. Je suis là, pour vous parler d’un film américain de 2013.Et c’est bien là le problème. Pour moi, ce film est trop américain pour être réussi. Alors qu’il fait référence à un cinéma d’arts martiaux profondément chinois, au point d’en devenir un peu nationaliste parfois et là, on se retrouve face à un casting à 100% anglophones dans un film qui est censé se passer dans un village du fin fond de la Chine du début du XXe siècle. Et rajoutons à cela des comédiens qui sont pour la plupart plus eurasiens qu’asiatiques, ça ne participe à crédibiliser un univers qui n’est déjà pas beaucoup aidé par des costumes qui ressemblent plus à du character design de jeux vidéo qu’a des costumes de cinéma. Mais par-dessus tout le problème de vient d’un scénario qui n’en est pas vraiment un. En effet, il semblerait avoir été écrit par un enfant. Pour résumer, c’est l’histoire d’un empereur visiblement pas très futé, vu qu’il décide de confier la responsabilité de la garde de son or, au clan des Lions, qui vit (ou sévit) dans la ville la plus criminogène de l’empire, la bien nommée Jungle Village, dans laquelle tous les clans ne cessent de se battre les uns contre les autres. Un homme fait le lien en travaillant pour tous ces clans en perpétuelle lutte, et c’est lui qui va donner, suite à quelques péripéties, son titre au film. Il s’agit d’un forgeron afro-américain. Oui, vous m’avez bien entendu, je vous parle d’un forgeron afro-américain qui vit dans un village du fin fond de la Chine au début du XXe siècle. Je ne vous raconterais pas l’histoire des origines, mais je vous avouerais qu’elle est digne d’un sketch de MADtv.

  

Bref, ce forgeron afro-américain vivant dans la ville chinoise de Jungle Village se balade dans le rue avec une capuche sur la tête pour rester discret, le seul problème étant qu’il est le seul à se balader avec une capuche sur la tête dans la ville et du coup, il n’est pas vraiment discret, sachant qu’en plus, il est plus grand que la plupart des habitants de la ville. Le forgeron sort avec une put…pardon, avec une courtisane qui travaille pour ce qui est le lieu de vie centrale de la ville, à savoir le bordel tenu d’une main de maîtresse par Lucy Liu, c’est dans ce bordel que tout va se nouer et se dénouer d’ailleurs. Je profites de l’occasion pour évoquer l’un des quelques points positifs de ce film, à savoir la présence de Lucy, bien que son personnage de mère maquerelle ne soit pas sans rappeler la grande O Ren Ishii du Kill Bill de Tarantino (qui « présente » le film écrit ses deux protégés RZA et Eli Roth) dans un décor qui ressemble très étrangement au Restaurant dans lequel Lucy Liu et ses hommes de main combattaient la Mariée. On retrouve également l’ami Russel Crowe, dans un rôle sur lequel je ne vous dirais rien pour ne pas spoiler, mais qui a du beaucoup s’amuser lors de ce tournage. On retrouve enfin Jamie Chung, que j’aime d’un amour adolescent mais qui, un peu comme dans Sucker Punch, ne sert à rien, même si elle est ici le « Love Interest » de RZA dans le film (dans une relation amoureuse dont la chasteté, pour le coup, évoque le cinéma chinois des années 70).

En résumé, on a :

Une Histoire d’amour pourrie (avec une fille superbe)












Un Point de départ scénaristique invraisemblable
Vous confieriez votre or à cette bande de mec ??













Un bad guy qui fait penser à une version chinoise du groupe Europe















Un héros un peu en carton même si il joue le balèze










Après tant de méchancetés, sûrement dû à la présence trop présente de l’ami Eli Roth, qui pour moi n’a rien fait de bon depuis Cabin Fever (et c’était en 2002), je finirais quand même sur une note positive. Ce film est la preuve qu’il faut croire en ses rêves d’enfant et que si on a la chance d’être pote avec Quentin Tarantino, on peut réaliser le scénario que l’on avait écrit quand on avait 11 ans et qu’on regardait des VHS de film hong-kongais dans sa cité pourrie.

Plus sérieusement, c’est le genre de film qui donne envie de faire des films.

Encore faut-il avoir un scénario !


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